Le Chili

Entre montagnes des Andes et Océan Pacifique, un long ruban de terre qui ne connaît pas encore le phylloxéra.

Le catalan Miguel Torrès a été l’un des premiers étrangers à tenter l’aventure chilienne à la fin des années 1978. Depuis, beaucoup l’ont imité, souvent avec succès. Le Chili, en un quart de siècle, est ainsi devenu un véritable eldorado viticole pour nombre d’investisseurs étrangers. Sa tradition viticole est bien plus ancienne puisque les premières vignes ont été plantées au XVI ème mais le pays s’est longtemps contenté de produire des vins courants destinés au marché local. Trois décennies ont suffit pour transformer cette production et l’élever au niveau des standards internationaux. Cette réussite a des causes historiques mais surtout géographiques. Le Chili se présente sous la forme d’un long et étroit ruban de 4500 km du nord au sud. L’essentiel des 117 000 ha de vignes est situé dans la partie centrale. Adossé aux Andes et regardant le Pacifique, le vignoble bénéficie d’une conjoncture climatique à peu près idéale pour la maturation des raisins : chaleur diurne et fraîcheur nocturne liée aux influences rafraîchissantes venues des Andes et du courant pacifique froid du Humboldt. Cette alternance explique la grande qualité de maturité et la netteté des arômes fruités de bon nombre de vins chiliens. L’isolement géographique du pays, entre mer, montagne et déserts ainsi que la vigilance des autorités ont fait barrière au phylloxéra. Les vignes chiliennes sont donc souvent franches de pied (non greffées), cas à peu près unique au monde.

Les régions et les domaines

Ce jeune domaine né de l’association entre Viña San Pedro S.A. et la Sociedad Agrícola y Ganadera Río Negro Ltd a eu d’emblée l’ambition de produire quelques-uns des meilleurs vins du nord du Chili. Tabali qui signifie « passage des eaux » dans un vieux dialecte local est en fait situé dans une région particulièrement chaude, limitrophe du désert de d’Atacama, mais qui profite du Camanchaca, ces bouillards matinaux provenant de l’Océan Pacifique. Le vignoble planté en 1993 produit déjà une belle gamme de vins bien dans l’esprit des meilleures cuvées chiliennes.

TABALI

tabali_logo

On peut dresser un parallèle entre l’évolution de la viticulture récente au Chili et l’histoire de Viu Manent. La famille Viu a commencé ses activités dans le vin comme négociant, et sa marque, Vinos Viu, est devenu très populaire sur le marché domestique. En 1966, Miguel Viu Manent fait l’acquisition d’un vignoble et de son chai dans la vallée de Colchagua, le domaine San Carlos de Cunaco dont les vignobles remontent au milieu du 19ème siècle. Cette acquisition marque un changement profond dans l’activité de la firme qui contrôle désormais l’ensemble du processus de production, avec entre autres quelques parcelles de très vieilles vignes de malbec. Au début des années 1990, Viu Manent modernise complètement son outil de production, afin de se mesurer aux marchés à l’export. Aujourd’hui 95% de sa production est exporté, vers plus de 30 pays différents. Viu Manent est une des signatures les plus fiables des producteurs anciens au Chile avec une gamme essentiellement issue des ses propres vignobles à Colchagua, plus quelques apports de Casablanca et de Leyda.

VIU MANENT

Du país au cabernet

En matière de cépage, il subsiste du legs espagnol des variétés traditionnelles comme le moscatel, le torontel et surtout le país (15 000 ha) mais le Chili a bâti sa réputation sur les principaux cépages dits « internationaux », importés pour certains dès le XIX ème siècle. Les cépages rouges occupent 70% des surfaces avec, largement en tête, le cabernet-sauvignon (40 000 ha) suivi du merlot et du carménère, un vieux cépage bordelais, assez proche du merlot, qui connaît au Chili une seconde jeunesse. En blanc, les sauvignon et chardonnay occupent 17 000 des 28 000 ha plantés en blanc.

La marche vers les grands vins

Les chiliens ont d’abord bâti leur succès sur des vins bien faits, fruités, faciles et bien équilibrés au très bon rapport qualité/prix, bien en ligne avec la demande mondiale. Depuis 10 ans, ils ont franchi un palier supplémentaire en gagnant en profondeur et en intensité pour les rouges, en finesse en en fraîcheur pour les blancs. A l’origine de cette deuxième révolution, une localisation nouvelle des vignobles : jadis concentrés dans les plaines fertiles, les vignobles ont conquis des terres nouvelles au très fort potentiel, sur les pentes orientales du piémont andin ou dans des régions fraîches, proches de la côte, comme Casablanca ou Leyda. A cela, il faut ajouter la vitalité et le dynamisme des producteurs chiliens, qu’il s’agisse des domaines historiques ou de la nouvelle génération de bodegas, de plus en plus soucieux d’explorer en détail la spécificité des terroirs chiliens. Le Chili n’est plus qu’une terre de bons vins mais aussi de grands vins comme l’ont déjà prouvé certaines cuvées à base de cabernet-sauvignon comme Almaviva.