Un vignoble à part !                                                                                                                                           

Ce long ruban de terre, entouré des montagnes des Andes et de l’Océan Pacifique, ne connaît pas le phylloxéra.

Le catalan Miguel Torrès a été l’un des premiers étrangers à tenter l’aventure chilienne à la fin des années 1970. Depuis, beaucoup l’ont imité, souvent avec succès. Le Chili est ainsi devenu un véritable eldorado viticole pour nombre d’investisseurs étrangers. Sa tradition viticole est bien plus ancienne puisque les premières vignes ont été plantées au XVI ème mais le pays s’est longtemps contenté de produire des vins courants destinés au marché local. Trois décennies ont suffi pour transformer cette production et l’élever au niveau des standards internationaux. Cette réussite est liée à l’histoire du pays mais surtout à sa géographie.

Un paradis pour la vigne !

Le Chili se présente sous la forme d’une longue bande de terre de 4500 km du nord au sud. L’essentiel des 145 000 ha de vignes est situé dans la partie centrale (Valle Central) mais l’attention se porte aujourd’hui sur les vallées excentrées, au nord et au sud, où l’on trouve des sites viticoles rafraîchis par la latitude, le Pacifique ou l’altitude. Adossé aux Andes et plongeant dans le Pacifique, le vignoble bénéficie d’une conjoncture climatique à peu près idéale pour la maturation des raisins : chaleur diurne et fraîcheur nocturne, liées aux influences rafraîchissantes venues des Andes et du courant pacifique froid de Humboldt. Cette alternance explique la grande qualité de maturité et la netteté des arômes fruités de bon nombre de vins chiliens. L’isolement géographique du pays, entre mer, montagne, déserts et Antarctique, ainsi que la vigilance des autorités ont fait barrière au phylloxéra. Les vignes chiliennes sont donc souvent franches de pied (non greffées), ce qui est quasi unique au monde.

Du país au cabernet

En matière de cépage, il subsiste du legs espagnol, des variétés traditionnelles comme le moscatel, le torontel et surtout le país, vieux cépage local qui séduit à nouveau des producteurs en quête d’originalité. Mais le Chili a bâti sa réputation sur une poignée de cépages classiques importés pour certains dès le XIX ème siècle. Les cépages rouges occupent 80% des surfaces avec, largement en tête, le cabernet-sauvignon suivi du merlot puis du carménère, un vieux cépage bordelais qui connaît au Chili une seconde jeunesse. En blanc, les sauvignon et chardonnay sont de loin les plus plantés.                                                             

La marche vers les grands vins

Les chiliens ont d’abord bâti leur succès sur des vins bien faits, fruités, faciles et équilibrés, au très bon rapport qualité/prix, ce qui correspond à la demande mondiale. Mais le style des vins chiliens est aujourd’hui bien plus large. Ils ont franchi un palier en gagnant en profondeur et en intensité pour les rouges, ainsi qu’en finesse et fraîcheur pour les blancs. A l’origine de cette deuxième révolution? Une localisation nouvelle des vignobles. Ils étaient initialement concentrés dans les plaines fertiles. Puis la conquête de terres nouvelles au très fort potentiel, sur les pentes orientales du piémont andin ou dans des régions fraîches, proches de la côte, comme Casablanca ou Leyda, a permis cette montée qualitative. A cela, il faut ajouter la vitalité et le dynamisme des producteurs chiliens, qu’il s’agisse des domaines historiques ou de la nouvelle génération de bodegas, de plus en plus soucieux d’explorer en détail la spécificité des terroirs chiliens. Le Chili n’est plus qu’une terre de bons vins mais aussi de grands vins comme l’ont déjà prouvé certaines cuvées à base de cabernet-sauvignon comme Almaviva.