Le plus vaste vignoble du monde

 Aucun autre pays au monde ne consacre autant de son territoire à la culture de la vigne. Avec près d’un million d’hectares plantés, l’Espagne possède le plus vaste vignoble du monde. Elle n’est pourtant que le troisième producteur derrière la France et l’Italie en raison d’un climat particulièrement sec qui impose de faibles densités de plantations et des rendements bas. La vigne est plantée depuis les Pyrénées jusqu’aux îles Canaries en passant par les vastes vignobles centraux de la Mancha. Le climat méditerranéen ou continental, plutôt chaud et sec, à l’exception de la frange atlantique, est modéré par la présence d’un haut plateau central (la Meseta) traversé et entouré de montagnes. La plupart des meilleurs vignobles du pays prennent appui sur l’un ou l’autre. Depuis les années 1980 et l’intégration à l’Union Européenne, et poussée par la nécessité d’exporter, la viticulture et la géographie viticole espagnoles se sont radicalement transformées : émergence des “quintas” indépendantes, prospection ou réhabilitation de régions viticoles à haut potentiel, modernisation des équipements, profil de vins plus modernes en phase avec la demande, redécouverte des cépages traditionnels… Aux standards d’hier (Rioja, Navarre, Xérès…) sont venus s’ajouter les vins rafraîchissants de Galice et du Pays Basque, les rouges puissants de Castille-Léon et du Levant, les grenaches d’altitude de centre du pays, les effervescents (Cava) ou les rouges concentrés (Priorat) de Catalogne, et bien d’autres.

Entre tradition et dynamisme

La très vieille tradition viticole, qui remonte aux phéniciens, se manifeste aujourd’hui à travers un bel éventail de types et de styles de vins. La péninsule s’est d’abord rendue célèbre par les vins mutés d’Andalousie, dont les célèbres Xérès, puis plus tardivement par ses vins rouges provenant de la Rioja et de la Ribera del Duero. L’entrée dans l’Union Européenne a permis de moderniser rapidement l’agriculture en général et la viticulture en particulier en s’appuyant dans un premier temps sur les grandes structures, négociants et coopératives. Le dynamisme actuel de la viticulture espagnole est le fait de bodegas indépendantes qui se sont multipliées à mesure que l’Espagne prouvait sa capacité à produire des vins séduisants et d’un bon rapport qualité-prix. Si les cépages français ont gagné du terrain, les producteurs espagnols s’attachent surtout à mettre en valeur les cépages autochtones (grenache, tempranillo, mourvèdre…).                                                 

La nouvelle Espagne

Dans beaucoup de régions anciennement établies, comme la Rioja, on voit coexister deux styles de vins : un style traditionnel – vins longuement élevés, oxydatifs, et un style plus récent qui met en avant la qualité et l’intensité du fruit avec un usage du bois neuf plus marqué et parfois abusif. Mais la modernité espagnole s’est surtout traduite par l’émergence de vins de qualité dans des régions jusqu’alors peu réputées. Rias Baixas et Rueda offrent ainsi de jolis vins blancs secs issus de cépages originaux (Albariño et Verdejo) et de grands vins rouges naissent un peu partout, dans le Levant ou en Castille-Léon (Toro, Bierzo). L’explosion économique de la Catalogne a porté à la connaissance d’un public plus large les cavas pétillants et autres vins de Penedès, suivis de ceux, plus exclusifs, de Priorat.