Une véritable culture du vin

Les États-Unis, leader mondial du marché du vin, ont vu émerger des vins de qualité exceptionnelle, comme en témoigne la célèbre dégustation de Paris en 1976 qui plaça des vins californiens devant le “must” de la production bordelaise : Mouton-Rothschild et Haut-Brion. L’Amérique du Sud constitue le plus grand marché viticole au monde.

Avec une culture viticole solidement ancrée sur les côtes est et ouest, le vin est devenu un élément quotidien, partagé par des producteurs passionnés et des amateurs de plus en plus avertis. Bien que la Californie, Washington, New-York et l’Oregon dominent la production, d’autres États comme le Missouri, le Michigan, le Texas, l’Ohio et le Maryland font naître des vins dignes d’intérêt, même en Alaska. L’évolution du palais américain se traduit par un intérêt croissant pour la finesse et la fraîcheur, illustré par la protection accrue des régions aux climats modérés ou frais.

1000 ans d’histoire

L’histoire de la vigne aux Etats-Unis est millénaire et débute de façon plutôt inattendue avec un viking, Leif le Chanceux, qui vers l’an 1000 pose le pied sur la côte est des Etats-Unis, dans une région baptisée « Vinland », parsemée de vignes sauvages, si l’on en croît des manuscrits du haut Moyen-Âge. En tout cas, 600 ans plus tard, lorsque les européens colonisent l’Amérique du Nord, ils trouvent sur place des variétés de vitis labrusca (vignes sauvages). Au XIXème siècle, la viticulture est une activité déjà prospère et répandue à travers tout le territoire des Etats-Unis. La Prohibition décrétée en 1920 ruina un secteur en pleine expansion. Le pays mettra une cinquantaine d’années à s’en remettre. Depuis les années 1970, en Californie surtout, les wineries se sont multipliées, fondées par des propriétaires issus d’horizons multiples, américains ou étrangers. S’il existe une production de masse, il y a aussi et surtout des producteurs très pointus, de taille variable, possédant souvent une expérience internationale et qui offrent des vins véritablement en phase avec une demande locale devenue très exigeante.                                                       

La Californie, cœur de la viticulture nord-américaine

Presque tous les États produisent du vin mais seule une poignée offre des vins dignes d’intérêt. Comme l’Oregon et Washington au nord-ouest, qui profitent d’un climat tempéré pour produire de très bons pinots noirs et chardonnays. Plus au sud, la Californie est de loin le premier état producteur du vin américain. Son vignoble s’étend sur près de 256 000 hectares* sur un large secteur qui court du nord au sud de Mendocino à Los Angeles, et à l’intérieur, jusqu’aux contreforts ouest de la Sierra Nevada, à 200 km des côtes. Si le climat est globalement chaud et sec, les situations sont très contrastées en fonction des entrées d’air frais venant du Pacifique. Les meilleurs sites viticoles sont largement ouverts à ces influences maritimes, qui prennent souvent la forme de brumes matinales, à la différence des zones enclavées souvent trop chaudes pour produire des vins de qualité. La pratique de l’assemblage interrégional, donc à large échelle, reste très répandue mais bon nombre des meilleurs vins proviennent de sous-régions spécifiques, comme Napa et Sonoma pour citer les plus connues, et souvent de vignobles et parcelles identifiés.

Une centaine de cépages sont plantés en Californie. En rouge, le cabernet sauvignon reste de loin le plus populaire, capable de donner des vins simples, souples et fruités, mais aussi parmi les cuvées les plus intenses et recherchées du pays. Assemblé à d’autres cépages bordelais, il prend souvent le nom de “Meritage”. Le merlot et le zinfandel sont très plantés mais de plus en plus concurrencés par le pinot noir et la syrah, très en vogue. En blanc, le chardonnay écrase toujours la production, planté dans l’ensemble de l’Etat. Le style des vins californiens n’est pas réductible même si le climat favorise la production de vins plutôt puissants et mûrs. On trouve certes, des cabernet sauvignons opulents et concentrés, mais aussi des pinots noirs intenses et fins, en passant par des zinfandels sauvages et puissants et des chardonnays d’une grande complexité. Les vins américains n’ont pas fini de séduire les fins palais.                  

*chiffre basé sur les données 2024